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Technostalgie: systèmes d'exploitation

L’histoire des ordinateurs, spécifiquement ceux qu’on utilise à la maison, m’a toujours fasciné. La transformation d’une espèce de calculatrice en une machine capable de produire, gérer, stocker et communiquer toute espèce de contenu lié au texte ou à l'audiovisuel n’a jamais cessé de me paraître magique.

C’est une histoire assez exploitée par les journalistes, écrivains et réalisateurs. Le film “Les Pirates de la Silicon Valley” et la série “Les Cinglés de l'informatique” demeurent entre mes favoris. J’ai moi-même écrit sur l’imposition du logiciel pour obtenir mon diplôme de Droit et sur la compétition entre Steve Jobs et Bill Gates. Celle-là est d’ailleurs vue comme l’essentiel de l’histoire de l’informatique.


L’informatique “personnelle”, qui est née dans la région la plus riche des États-Unis, pays le plus riche de l’histoire, dans une société où le profit est encore plus central que dans d’autres nations riches, est naturellement liée au commerce et à des grandes entreprises. La géante IBM - qui précède largement l’ordinateur moderne et à l’ombre de laquelle est née la Microsoft de Bill Gates - et Xerox, qui a inventé l’interface graphique et l’immortelle métaphore du bureau, étaient déjà des grandes entreprises quand Steve Jobs a commencé à monter ses Apples dans un garage.

Xerox Star et la métaphore du bureau. Tout était déjà là.

C’est alors au génie imprévisible et au geek malin qu’on pense si on mentionne l’histoire du “PC”. Il y a pourtant un autre personnage qui a beaucoup contribué à la suite de cette histoire: Linus Torvalds, un étudiant finlandais qui avait l’habitude de coder les logiciels dont il avait besoin. Sans code source de système d’exploitation disponible à l’époque où il avait acheté un nouvel ordinateur, il a décidé d’en construire un à partir de miettes. Il n’était pas le premier à le faire, mais ce qui a probablement tout basculé est le fait que, dès le début, il a invité et encouragé la participation d’autres enthousiastes, faciles à contacter partout dans le monde grâce à la popularisation de l’internet dans les années 1990.


L’effort partagé par des multitudes à travers le monde a abouti dans un système complet et efficace, disponible comme logiciel libre, gratuit et ouvert, à l’usage de tous. Gates et ses copains n’étaient évidemment pas ravis et disaient que le logiciel libre était “du cancer”. Pendant que Linux faisait ses premiers pas, j’avais mes premières expériences dans l’informatique, avec des machines dites “Frankenstein”, assemblées à partir de pièces pas chères qui ne marchaient pas toujours bien ensemble et qui éxecutaient des versions primitives de Windows.


Dans les années 2000, l’adoption de Linux a explosé. Le raisonnement était simple: Windows était cher, Linux était gratuit et autant ou plus efficace. En plus, chacun était libre de l’adapter à ses besoins. Il est devenu le système d’exploitation le plus utilisé dans les serveurs, machines qui stockent des données ou applications accédées à partir d’autres ordinateurs d’un réseau local ou d’internet. A cette époque-là, Linux était pour moi un mot sur les couvertures des magazines dirigés à des techniciens ou à des gens beaucoup plus “geek” que moi. Un jour, à la bibliothèque de l’école de Droit, j’ai eu du mal à consulter le catalogue sur un vieil ordinateur où j’avais trouvé un système compréhensible mais étrange. Un collègue m’a donc dit, “c’est du Linux, laisse-moi le faire!”


L'ordinateur de la bibliothèque éxecutait quelque chose comme ça

Pourquoi si peu de gens sont familiarisés avec Linux, même aujourd’hui? Après quelques décennies en subissant Windows, les utilisateurs y sont déjà trop enracinés pour faire une transition complète, et en général achètent des micro-ordinateurs déjà configurés avec le SE qu’ils connaissent. Il se peut que Microsoft ait profité d’un monopole si longtemps qu’elle ne puisse plus être battue, ni même par un produit gratuit et supérieur. L’Exécutif du Minas Gerais a essayé de faire utiliser à ses fonctionnaires des logiciels concurrents au coûteux Office de Microsoft, mais il n’a pas réussi à leur faire changer leurs habitudes.

😉
Plus récemment, Linux a finalement atteint la plupart des utilisateurs, mais par une voie que son créateur ne pouvait pas imaginer dans les années 1990: Android, une expression du système de code ouvert adapté aux smartphones, se trouve aujourd’hui dans la majorité des terminaux actifs dans le monde. Et il y a d’autres indices de changement: Bill Gates ne pense plus que le logiciel libre soit un cancer. Comme il a transitionné de super capitaliste à hyper philanthrope, Microsoft est devenue une des plus grandes collaboratrices mondiales des projets code ouvert, et le Windows plus courant contient le code de Linux sous-jacent.

Comme IBM l’a fait il y a des années, les autres géantes de l’informatique sont en train de se rendre compte que les gros sous à faire auprès des gros clients viennent plutôt des services, et que cela passe par Linux. Après avoir vu Huawei expulsée des pays occidentaux pour avoir développé la 5G avant eux, la Chine a décidé de remplacer Windows avec son Linux “UOS” dans le cadre de son initiative “Made in China 2025”.

L'air moderne du Linux « unifié » chinois...

Avec le travail à distance pendant la pandémie, beaucoup d’employés ont dû récupérer leurs ordinateurs oubliés dans des tiroirs et se rendent compte que gérer Windows, avec ses mises à jour fréquentes et obligatoires et sans l’aide des équipes de TI de leurs compagnies, n’est pas évident. Ils doivent envisager une des belles “distros” Linux pour leurs machines secondaires.

Dans “Blue Mars”, Kim Stanley Robinson décrit la construction d’une économie entièrement nouvelle, qui ne ressemble pas forcément à celle que l’on a sur Terre. On discute beaucoup, on relit même les anarchistes et on arrive à la fin à des solutions différentes, mais pas vraiment révolutionnaires par rapport à ce que l’on connaît: la concurrence libre est réservée aux articles de luxe, par exemple, alors que la production d’aliments, la construction, la santé etc. ne sont autorisées qu’à des coopératives semblables à l’espagnole Mondragon.

... et la modernité chez Windows.

Dans le documentaire “Travail, salaire, profit” de ARTE, on parle souvent des aberrations que le libéralisme financier contemporain a créées et on suggère que seulement les deux puissances globales - les États-Unis et la Chine - peuvent défier le pouvoir mondial des grandes entreprises.

Aux États-Unis, on observe le phénomène des “démissions YOLO” (You Only Live Once), motivées par la convocation au bureau des employés qui ont fait leur travail de chez eux pendant plus d’une année, qui savent qu’ils n’ont pas besoin de quitter la maison pour continuer à le faire et qui n’acceptent pas de changer leur vie une fois de plus pour faire figure et contribuer à l’augmentation des bullshit jobs.

Souvent on critique les distorsions du capitalisme contemporain, même des milliardaires dénoncent l’injustice fiscale qui les favorise, mais on n’essaye jamais de faire les choses différemment, peut-être par peur. Dès les années 1990, plusieurs gouvernements dits socialistes - ceux de Clinton et Mitterrand y compris - n’ont pas limité mais approfondi la déréglementation bancaire et financière qui rend l'État impuissant face aux conglomérats économiques. On se plaint de Windows mais on continue à l’utiliser comme s’il n’y avait pas de choix.


Si j’avais été tout seul à la bibliothèque de l’école de Droit il y a environ vingt ans, j’aurais dû apprendre à consulter le catalogue sur le seul ordinateur disponible, qui exécutait Linux. Cela aurait été une opportunité de passer un peu plus de temps à explorer une distro rudimentaire du système et mieux connaître cet échantillon du monde au-delà de la concurrence primitive, prédicateur d’une économie moins compétitive mais encore plus prospère pour tous. Peut-être que la pandémie, Linux et l’affirmation définitive du pouvoir de la Chine nous montrent que le monde n’est pas perdu ni nécessite d’une ample révolution pour se sauver, mais a tout simplement besoin de remplacer le système d’exploitation financière mondialisé par quelque chose d’un peu différent et de beaucoup mieux.

juin 2021
merci, Eve

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